Ils entendent monter en puissance de dénoncia- tion/revendications face au silence assourdissant de René Emmanuel Sadi
Le torchon continue de brûler entre le Ministre de la Communication
et les Patrons de presse pri- vée du Cameroun. En effet, plus de deux semaines après l’introduction d’un re- cours gracieux auprès de leur tutelle administrative, cette dernière brille par un silence assourdissant.
En effet, à la suite d’une gestion jugée très opaque des 140 millions de FCFA destinés à 51 entreprises de presse retenues par la Commission d’examen des dossiers de demande de l’appui institutionnel de l’Etat à la presse à capitaux pri- vés (plusieurs bénéficiaires se sont retrouvé avec des sommes ridicules), le Ré- seau des Patrons de presse du Cameroun (Repac), dans une démarche républicaine, a introduit le 14 janvier der- nier, un recours gracieux ar- ticulé en quelques points sur lesquels il tient à avoir des éclaircissements.
A savoir, qu’il déplore d’en- trée de jeu le comportement de certains membres de la Commission, qui de par leur acharnement contre cer- tains dossiers, ont laissé l’impression de régler des comptes personnels en lieu et place d’un travail impar- tial; les retards constants depuis ces dernières an- nées dans le lancement de l’appel à candidatures, la convocation de la commis- sion y dédiée et le déblo- cage effectif du fonds ; enfin, la non publication de la liste des bénéficiaires et des montants alloués, conformément à l’article 18 de l’arrêté No 031/Mincom du 13 avril 2020, réorgani- sant les modalités d’accès au bénéfice de l’aide pu- blique à la communication privée.
Des sommes dérisoires allouées aux entreprises de presse
Pour la petite histoire, c’est sous pression des réseaux sociaux que le Mincom a consenti à déposer des sommes dérisoires sur les comptes respectifs des bé- néficiaires, une quarantaine de jours après le verdict de la Commission, convoquée elle-même en décembre 2024, à la suite du lance- ment en novembre de l’ap- pel à candidature au bénéfice de l’appui institu- tionnel de l’Etat pour l’exer- cice 2024. Ces sommes dérisoires (500 000/700 000 FCFA) allouées en 2025 aux entreprises de presse pour le compte de l’exercice 2024, sont-elles réellement destinées à les appuyer ?
Les Editeurs de presse en doutent de plus en plus.
Mais le hic c’est qu’en som- mant les montants ainsi al- loués, l’on réalise qu’on est loin des 140 millions de FCFA annoncés à grande pompe médiatique. Loin des Patrons de presse, l’inten- tion de cracher sur cet effort gouvernemental. Même sa- chant que dans les autres pays africains du même ni- veau de développement que le Cameroun, la même presse privée reçoit l’appui institutionnel de l’ordre de 4 milliards de FCFA, comme au Sénégal. Sauf qu’on doit remettre à César ce qui ap- partient à César, et qu’il s’agit bel et bien de deniers publics à gérer selon l’ortho- doxie prescrite par l’éthique administrative et surtout la réglementation en vigueur.
Des arguties balayées du revers de la main
Dans l’entourage du Min- com, l’on fait prospérer des arguties selon lesquelles, c’est des Editeurs de presse qui, ayant maille à partir avec leurs bailleurs, leurs personnels et autres créan- ciers, ont sollicité du Min- com que la liste et les montants ne soient plus pu- bliés, comme avant l’arrivée de René Emmanuel Sadi.
Tantôt, les sommes répar- ties sont devenues minables dès lors que les 14 autres entreprises de presse reca- lées par le Commission – le Mincom a déclaré avoir reçu 65 dossiers au total, ont fait pression au travers des re- quêtes pour recevoir leur part du gâteau.
Enfin, le même entourage soutient que c’est par pitié que plus de 80% des 51 en- treprises bénéficiaires ont été retenues par la commis- sion, parce qu’elles ne rem- plissaient pas objectivement les conditions.
Des arguties que les mem- bres du Repac balaient vite du revers de la main, dé- nonçant une flagrante viola- tion des textes. Mieux estiment-ils, rien alors à la lumière du texte ci-dessus mentionné, n’autorise le Mincom, Président de ladite Commission, à disposer de cet argent à sa guise pour l’octroyer à qui il veut. S’il ne s’agit manifestement que d’un abus de gestion ou d’autorité qui est inadmissi- ble, face aux rudes condi- tions exigibles. Et les bénéficiaires frustrés de marteler avoir mérité leur sélection et par conséquent cet appui institutionnel de l’Etat.
Boycott de la cérémonie de présentation des vœux
Ainsi, face au silence, mieux à l’indifférence du Mincom, les Patrons de presse n’ont pas l’intention de fléchir ou d’abandonner leur agenda par rapport à ce dossier.
Bon à savoir, le Président François Mboke avait peser de tout son poids pour faire adopter la démarche préala- ble d’un recours gracieux.
Les autres membres vou- laient que soient directe- ment saisis la Présidence de la République, le Contrôle supérieur de l’Etat (Consupe), la Commission nationale anticorruption (Conac), le Secrétariat d’Etat à la Défense (Sed), en vue d’enquêtes appro- fondies. Une option qui à date, s’envisage sérieuse- ment au Repac. Les Pa- trons de presse avaient également préconisé d’au- tres actions fortes à l’instar du boycott actif de tout évè- nement organisé par le Min- com. Et sauf changement de dernière minute, la céré- monie de présentation des vœux au Mincom, prévue le 31 janvier prochain, reste dans la ligne de mire du boycott massif. Affaire à sui- vre.
Kengne Taahla