En s’adressant aux jeunes Camerounais à l’occasion de la 59ᵉ édition de la Fête de la Jeunesse, le président Paul Biya a tenté de ras- surer sur les efforts dé- ployés par l’État en matière de formation et d’insertion profession- nelle.
Dans son discours, le chef de l’État a mis en avant les progrès réalisés dans le domaine éducatif et professionnel. « Chaque année qui passe, l’offre dans ce domaine s’améliore quanti- tativement et qualitativement. La carte scolaire et universi- taire n’a cessé de s’étoffer et de se diversifier […] afin de donner aux jeunes diplômés les compétences techniques susceptibles de faciliter leur accès au marché du travail. ». Il a également annoncé l’ou- verture de nouvelles filières spécialisées, l’opérationnalisa- tion de centres de formation aux métiers, et la mise en place des Bureaux d’Emplois municipaux pour accompagner les jeunes en quête de travail. Cependant, cette stratégie est loin de convaincre tout le monde. Pour Célestin Bama, Secrétaire général du CSTC, ces annonces restent au stade des promesses. « Comme tous les discours, le chef de l’État reste toujours dans ce que j’appelle les grandes lignes.
Marché du travail saturé et un chômage persistant
Si des initiatives comme l’opé- rationnalisation des centres de formation professionnelle et la création de bourses d’études ont été mises en avant, les ré- sultats restent insuffisants pour absorber l’immense flot de jeunes diplômés. La précarité, le chômage et le manque de débouchés alimentent le scep- ticisme général. Le Président lui-même en a convenu. « Quelles que soient la volonté du gouvernement et les res- sources financières dont notre pays peut disposer, elles ne seront jamais suffisantes pour offrir à tous les jeunes un em- ploi dans la fonction publique ou dans le secteur privé », a-t- il encore martelé.
Face à cette réalité, Fabrice Lena, intervenant sur Canal 2, met en lumière une contradic- tion frappante : le projet ina- chevé du marché d’Etoudi, situé à quelques encablures du palais présidentiel. « J’aime- rais, si je rencontre le chef de l’État, lui poser la question de savoir quelle est la distance entre la présidence de la Ré- publique et le marché Etoudi ? C’est le marché voisin de la présidence, mais on voit com- ment les jeunes qui sont au chômage, en difficulté, mar- chent là-bas avec le projet de ce marché qui n’est jamais fini depuis 2012. »
Malgré les mesures annon- cées pour dynamiser l’auto- emploi et encourager les jeunes à se tourner vers l’agri- culture, l’élevage et le numé- rique, la réalité du terrain reste préoccupante. La frustration de nombreux jeunes est palpable, et certains n’hésitent plus à ex- primer leur colère sur les ré- seaux sociaux et dans les médias.
Michel Nonga