La 17ème conférence annuelle des responsables des services centraux et déconcentrés du Minefop s’est tenue à Yaoundé sur le thème « Insertion professionnelle des jeunes au Cameroun : défis et perspectives ». L’événement a permis de dresser un bilan des actions menées et de proposer des solutions innovantes pour une meilleure adéquation entre formation et emploi
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Au cours de la confé- rence, Chassem Nar- cisse, Directeur Exécutif Adjoint n°1 du Groupement des entre- prises du Cameroun (Gecam), a mis en lumière des statistiques révéla- trices. Le secteur privé for- mel, qui regroupe 615 entreprises membres du Gecam et 24 associations professionnelles, génère plus de 78 % du chiffre d’af- faires du secteur moderne et contribue à hauteur de 42 % au budget de l’État. En matière d’emploi, il détient plus de 60 % des emplois permanents.
Cette dynamique illustre le rôle crucial du secteur privé dans la création d’opportu- nités pour les jeunes, même si des défis persistent, no- tamment en termes d’adé- quation entre les compétences des jeunes di- plômés et les besoins des entreprises. Les discus- sions ont également abordé la gestion prévisionnelle des emplois et des compé- tences territoriales (Gpect), un outil clé pour identifier les besoins en compé- tences au sein des entre- prises et orienter les jeunes vers des secteurs porteurs tels que l’agriculture mo- derne, les technologies de l’information ou encore les énergies renouvelables.
Formation et adéquation avec le marché de l’em- ploi
L’un des temps forts de la conférence a été l’exposé sur les enjeux de l’adéqua- tion formation-emploi, pré- senté par Dr. Ibrahim Abba et ses collaboratrices du Mi- nefop. Les intervenants ont souligné les formes d’inadé- quation qui freinent l’inser- tion professionnelle au Cameroun, des compé- tences mal adaptées aux besoins du marché, une mauvaise utilisation des qualifications ou encore des pénuries dans certains sec- teurs stratégiques. Pour pallier ces insuffi- sances, plusieurs pistes ont été proposées, notamment le renforcement de la for- mation en alternance, l’éla- boration de nouveaux curricula adaptés aux be- soins des entreprises et la mise en place de plate- formes de concertation entre l’État, le secteur privé et les centres de formation. De plus, l’initiative de créa- tion d’un service de forma- tion au sein du Gecam et le projet de formation de conseillers-formation, fi- nancé par la Banque mon- diale, témoignent d’une volonté commune d’amélio- rer la transition entre la for- mation et l’emploi. Les travaux en ateliers ont dé- bouché sur des recomman- dations concrètes visant à favoriser l’insertion profes- sionnelle des jeunes.
Parmi celles-ci, la mise en place d’un fonds de finance- ment pour la formation pro- fessionnelle, l’opérationnalisation du Gui- chet unique au sein du Fonds national de l’emploi, et la création d’un Conseil national de l’emploi pour une meilleure coordination des actions gouvernemen- tales en matière d’emploi et de formation.
En parallèle, les Em- ployeurs ont été invités à s’impliquer davantage dans l’élaboration des pro- grammes de formation et à promouvoir les stages pro- fessionnels. Ces initiatives doivent être complétées par un renforcement de l’accès à l’information sur le mar- ché du travail, notamment par la digitalisation des dis- positifs d’intermédiation.
Malgré les défis sécuritaires et économiques, la confé- rence a permis de constater que 110 395 emplois ont été créés en 2024, tandis que 34 856 demandeurs d’emploi ont trouvé un pla- cement grâce aux services du Fne.
Ces chiffres, bien qu’encou- rageants, soulignent la né- cessité de consolider les acquis et d’intensifier les ef- forts pour répondre aux as- pirations des jeunes camerounais. Cette 17ème conférence annuelle a confirmé que l’insertion pro- fessionnelle des jeunes re- pose sur une synergie entre formation de qualité et op- portunités concrètes dans un marché de l’emploi en constante évolution.
Bomo Makeba