Prenant part à la première édition des Rencontres économiques du Cameroun, le President de l’Union générale des Travailleurs du Cameroun (Ugtc) évoque les problèmes liés à l’inadéquation entre la formation et l’emploi.
Quelles sont les principales at- tentes des Travailleurs camerounais en matière de formation et d’employabilité, et comment l’Ugtc prévoit- elle de les prendre en compte pour améliorer leur employabilité ?
Les principales attentes des Travailleurs camerou- nais en matière de forma- tion et d’employabilité sont de pouvoir bénéficier de formations adaptées aux besoins du marché du travail et de pouvoir trouver un emploi stable et bien rémunéré après leur formation. Cepen- dant, le problème majeur que nous rencontrons au Cameroun est que nous n’avons pas suffisamment de personnes capables d’évaluer les besoins en compétences et en em- ploi au sein des entre- prises. Les centres de formation et les universi- tés forment souvent les jeunes sans tenir compte des besoins réels du mar- ché du travail, ce qui en- traîne une inadéquation entre la formation et l’em- ploi. L’Ugtc peut aider les jeunes à aller vers des fi- lières porteuses pour qu’à la sortie de leur formation, ils ne soient pas des chercheurs d’emploi ou des chômeurs. Nous de- mandons aux jeunes de savoir exactement, dans le cadre de l’orientation, si on a besoin de leurs compétences dans le monde du travail avant de s’inscrire dans une filière.
Comment l’Ugtc envisage-t-elle de collaborer avec les pouvoirs publics et les entreprises pour créer des opportunités d’emploi et de formation pour les jeunes, et quels sont les défis majeurs que vous anti- cipez dans cette dé- marche ?
Nous travaillons étroitement avec les pouvoirs publics et les entreprises pour créer des opportunités d’emploi et de formation pour les jeunes. Cependant, les difficultés que nous rencontrons le plus souvent sont que nous ne sommes pas tou- jours écoutés, et que le gouvernement reste sur ses positions sans pren dre en compte nos propo- sitions. Il est essentiel que le gouvernement comprenne qu’il a des partenaires qui peuvent proposer des solutions pour lutter contre le chô- mage. Nous devons tra- vailler ensemble pour trouver des solutions effi- caces pour améliorer la formation professionnelle et l’employabilité des jeunes au Cameroun.
Quelles sont les solu- tions concrètes que l’Ugtc propose pour améliorer la formation professionnelle et l’em- ployabilité des jeunes au Cameroun, et com- ment prévoyez-vous de les mettre en œuvre de manière efficace ?
Il est d’abord nécessaire de respecter les étapes de la formation profes- sionnelle dans un pays qui veut régler les pro- blèmes de chômage. La formation professionnelle doit commencer par l’identification des filières porteuses, et il faut que tout le monde sache quelles sont ces filières dans notre pays. Deuxiè- mement, il faut avoir un répertoire des métiers, des référentiels de com- pétences, et savoir quelles universités for- ment dans telles ou telles filières. Quatrièmement, il faut avoir des quotas pour éviter de former trop de personnes dans des fi- lières qui ne sont pas de- mandées sur le marché du travail. Cinquième- ment, il faut certifier les diplômes que les jeunes reçoivent à la sortie de ces centres de formation ou universités.
En ce qui concerne l’em- ployabilité, il faut que les entreprises apprennent à utiliser le logiciel de Ges- tion professionnelle des emplois et des compé- tences (Gepec). Les en- treprises doivent également être capables de communiquer leurs besoins aux services pu- blics de l’emploi, tels que le Fonds national de l’em- ploi (Fne). Il faudrait que ces entreprises sachent comment évaluer leur compétence et les em- plois dont ils ont besoin, afin de recruter les per- sonnes adéquates. Si les entreprises n’arrivent pas à faire connaître leur be- soin au niveau du gouver- nement, nous n’allons pas régler les problèmes de l’emploi et de la forma- tion professionnelle au Cameroun.
Recueillis par
Ange Pouamoun