samedi 24 mai 2025

Malgré des progrès notables, les écarts entre hommes et femmes sur le marché du tra- vail camerounais demeurent préoccupants. Entre accès li- mité à l’emploi formel, revenus  insuffisants  et sous-emploi, les femmes restent confrontées à des défis structurels, selon les données de l’Essi3 de 2021

Le marché du travail au Ca- meroun révèle une réalité contrastée pour les femmes. Bien qu’elles soient majoritaire- ment actives dans le secteur infor- mel, elles continuent de subir les inégalités en matière d’accès à l’emploi formel, de conditions de travail et de rémunération. Les ré- sultats de la troisième Enquête sur l’emploi et le secteur informel (Eesi3) réalisée par l’Institut natio- nal de la statistique (Ins) en 2021 mettent en lumière des disparités importantes entre les genres, mal- gré les efforts du gouvernement pour promouvoir l’égalité des sexes et l’emploi.

Avec une présence dans la popu- lation active de 47,3 % contre 61,4 % pour les hommes, les femmes se concentrent principalement dans le secteur informel. Elles y démontrent un esprit entrepreneu- rial remarquable, puisque près de sept femmes sur dix (68,3 %) sont des travailleuses indépendantes, contre 48,2 % des hommes. Tou- tefois, cette prépondérance dans des secteurs peu qualifiés reflète un déséquilibre entre les forma- tions acquises et les exigences du marché du travail.

Les données montrent également que 28,7 % des femmes subissent une sous-utilisation de leur main- d’œuvre, contre 24,1 % pour les hommes. De plus, le sous-emploi

touche 18,7 % des femmes et 18,4 % des hommes, ce qui traduit des difficultés générales à attein- dre le seuil réglementaire de 40 heures de travail hebdomadaire. Ces chiffres restent préoccupants au regard des objectifs fixés dans la Stratégie nationale de dévelop- pement (Snd30), qui vise à réduire le taux de sous-emploi global à 50,1 % d’ici 2030.

Des écarts de rémunération alarmants

En termes de rémunération, les inégalités entre hommes et femmes sont encore plus mar- quées. Plus de la moitié des femmes (55,4 %) perçoivent un re- venu horaire inférieur à la norme réglementaire, contre 40,9 % des hommes. Cette situation reflète non seulement le poids des discri- minations sur le marché du travail, mais également la précarité des emplois occupés par une majorité de femmes. Ces écarts de reve- nus illustrent l’urgence de renfor- cer les mesures visant à garantir l’égalité salariale et l’accès aux emplois décents. Face à ces constats, le gouvernement came- rounais dispose de plusieurs outils

stratégiques pour relever ces défis. La Stratégie nationale de développement (Snd30), la Poli- tique nationale genre (Png), la Stratégie sectorielle de l’Éducation et de la formation (Ssef), la Poli- tique nationale de l’emploi (Pne) et le document Budgétaire sensible au genre (Bsg) constituent des le- viers essentiels pour réduire les inégalités de genre sur le marché du travail.

Cependant, l’accélération de la mise en œuvre de ces politiques est cruciale. Elle doit s’accompa- gner d’une meilleure adéquation entre les formations et les besoins du marché, ainsi que de méca- nismes plus efficaces pour lutter contre les discriminations et amé- liorer les conditions de travail des femmes. L’égalité des sexes sur le marché du travail ne doit pas être perçue comme un simple ob- jectif, mais comme un impératif pour le développement inclusif et durable du Cameroun.

Bomo Makeba

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