samedi 24 mai 2025

Après une grève violente de près de deux semaines ayant paralysé ses activi- tés et provoqué d’impor- tantes pertes, la Société sucrière du Cameroun (So- sucam) a annoncé une série de mesures pour apaiser les tensions. Une augmenta- tion des salaires et primes a été actée, mais le décès d’un ouvrier lors des af- frontements continue de susciter une vive indigna- tion parmi les Travail- leurs

Douze jours de grève gé- nérale, des champs in- cendiés, des pertes financières estimées à 3 mil- liards de Fcfa et un ouvrier tué. C’est dans ce climat de crise que la Société sucrière du Ca- meroun (Sosucam) tente de relancer ses activités. Lors d’une réunion de concertation tenue le 7 février entre la direc- tion et les représentants syndicaux, plusieurs résolutions ont été adoptées, notamment des ajustements salariaux : une augmentation de 1 000 Fcfa pour les manœuvres coupeurs, portant leur salaire de base à 57 000 Fcfa, et une revalorisa- tion des primes mensuelles de salissure. Ces mesures, bien que per- çues comme un début de solu- tion, peinent à calmer la colère des travailleurs, exacerbée par le décès de leur collègue Djonra, survenu lors des af- frontements du 4 février à Nko- teng.

Des concessions écono- miques face à une crise hu- maine

En plus des augmentations sa- lariales, Sosucam a décidé de revenir à son ancien système de paiement, avec des salaires désormais versés le 5 du mois M+1 et les acomptes le 20 du mois M. Ces engagements vi- sent à répondre à certaines re- vendications des ouvriers, notamment la régularité des paiements, principale source du mécontentement. La direc- tion s’est également engagée à améliorer les conditions d’ac- cueil des travailleurs et à ins- taller des guichets de paiement pour éviter de nouvelles ten- sions.

Cependant, ces annonces n’ef- facent pas l’onde de choc pro- voquée par le décès de Djonra. Ce travailleur saison- nier a perdu la vie lors des émeutes qui ont marqué les événements du 4 février. Alors que la direction se concentre sur les pertes économiques et la reprise de la production, aucun communiqué officiel n’a été publié pour reconnaître ou commenter ce drame.

Un silence jugé inacceptable par les ouvriers, qui réclament des réparations pour la famille de la victime. « La vie de Djonra ne représente rien face aux intérêts économiques de la Sosucam », dénoncent les syndicats. Cette situation inter- vient dans un contexte de fra- gilité pour l’entreprise. La destruction de 150 hectares de champs de cannes à sucre risque d’impacter fortement la production annuelle, déjà in- suffisante pour couvrir les be- soins nationaux.

En 2024, le Cameroun a im- porté 105 400 tonnes de sucre pour un coût de 42,8 milliards de FCFA, un déficit commer- cial aggravé par les tensions internes à Sosucam. Alors que les activités doivent reprendre ce 8 février, les travailleurs restent vigilants quant à l’appli- cation des engagements pris par la direction. Mais pour beaucoup, le décès de Djonra symbolise une fracture pro- fonde entre l’entreprise et ses ouvriers, dont les revendica- tions dépassent désormais les simples questions salariales.

Ange Pouamoun

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