Secrétaire Général de la CSTC, Secrétaire Général de la Fédération nationale des Syndicats des Travailleurs de l’Agriculture, Pêche et Élevage du Cameroun, mem- bre de la Commission Na- tionale Consultative du Travail, membre du Comité de Concertation et du Suivi du Dialogue Social, Global Facilitator ACTRAV Turin
Comment évaluez-vous la décision de la direction de la Sosucam de demander aux travailleurs de rejoindre leurs postes après la grève, et quelles sont les consé- quences de cette décision pour les travailleurs saison- niers ?
Il est important de noter qu’en entreprise, nous formons une famille. Ainsi, pour préserver cette unité, même face à des tragédies, la famille ne se dis- loque pas. Nous devons nous retrouver autour de la table de concertation après les conflits pour trouver des solutions du- rables, non seulement pour ré- tablir le calme, mais aussi pour envisager un avenir promet- teur. Il est donc normal d’invi- ter les travailleurs à reprendre leurs postes, car il ne faut pas compromettre notre source de revenus. De plus, ces travail- leurs saisonniers sont toujours sous contrat avec l’entreprise Sosucam. Il n’y a donc aucune décision défavorable pour qui- conque dans cette situation
Quelles sont les mesures que le syndicat prendra pour protéger les droits des tra- vailleurs saisonniers face à la répression policière et gendarmerie à Nkoteng et Mbandjock ?
Parler de répression policière ou gendarmerie est un terme excessif. Je pense qu’il y a eu une mauvaise gestion de la crise et un manque de profes- sionnalisme tant de la part des Forces de maintien de l’ordre (Fmo) que des grévistes, qui ont souvent tourné le dos aux syndicats censés les encadrer. Actuellement, les syndicats sont en concertation pour adresser leurs observations et propositions aux partenaires gouvernementaux et à l’em- ployeur (Sosucam) en vue d’un retour à la sérénité et au res- pect des droits et intérêts des travailleurs en général, et des travailleurs saisonniers en par- ticulier.
Comment le syndicat compte-t-il obtenir justice pour la famille du travailleur Djonra abattu pendant les événements du 4 février à Nkoteng ?
Le syndicat ne peut pas faire un plaidoyer auprès des parte- naires sans garantir la prise en charge des travailleurs, notam- ment ceux qui ont des familles à soutenir. Il est essentiel de rappeler que nul n’est censé ignorer la loi. La procédure pour déclencher une grève ou revendiquer le paiement des salaires est bien encadrée
Quelles sont les stratégies que le syndicat mettra en œuvre pour lutter contre la précarisation du travail dans la filière canne à sucre et pour améliorer les condi- tions de travail des travail- leurs saisonniers ?
L’Organisation internationale du travail (Oit) et la loi N°92/007 du 14 août 1992 por- tant Code du travail au Came- roun, malgré leur obsolescence, ont mis en place des mesures visant à améliorer les relations profes- sionnelles au sein des entre- prises. En tant que syndicalistes, nous deman- dons simplement que ces lois soient appliquées et respec- tées. L’une des causes princi- pales de ce débrayage est le non-respect des droits acquis. Les manœuvres agricoles ont été recrutés en 3ème catégorie et devraient être reclassés en 2ème catégorie depuis deux ans. Malgré les alertes répé- tées des syndicats, l’em- ployeur est resté inflexible, et cette situation a conduit aux tensions actuelles. Le syndicat continuera à jouer son rôle en dénonçant ces injustices et en organisant des grèves dans le respect des procédures éta- blies.
Recueillis par A P