samedi 24 mai 2025

Du 5 au 7 mars 2025, les tribunaux camerounais ont tourné au ralenti. Pendant trois jours, les Avocats du pays ont observé une grève massive pour dénoncer les vio lences policières dont ils sont victimes.

Jamais grève des Avocats n’a été aussi largement suivie.

Dès le premier jour de la grève, les effets se sont fait ressentir. Dans des villes comme Yaoundé, Douala, Buea, Bamenda, Bafoussam, Limbe et Nkongsamba, les salles d’audience sont restées quasiment vides. Si Juges et Procureurs ont conti- nué à siéger, l’absence des Avocats a lourdement perturbé le déroulement des procès. Le mouve- ment, initié par le Bâton- nier Mbah Eric Mbah à travers un communiqué du 4 mars, a été déclen- ché en réponse aux ré- cents cas de brutalités infligées à des Avocats par les forces de l’ordre. Barrister Nouvelliza Eta- Besong Njiminoh, Prési- dente de l’Association des Avocats du Fako (Fakla), a dénoncé cette escalade de violence et interpellé le gouvernement. «Le Cameroun peut et doit faire mieux. Nous ne pouvons plus tolérer ces violences orchestrées par les forces de sécurité», a-t-elle déclaré. D’après nos confrères de Mimimefo-info, pour Barrister Ed- ward Lyonga Ewule, Avocat spécialisé en droits de l’homme, cette grève constitue l’un des mouvements les plus res- pectés de la profession ces dernières années. «La décision a eu l’effet d’une bombe. Partout ,de Buea à Douala ,enpassant par Yaoundé et Bamenda, les avocats ont massivement répondu à l’appel », a-t-il affirmé après avoir constaté l’ab- sence totale de ses confrères dans les tribu- naux.

Colère nourrie par des violences répétées

Le point de rupture a été atteint avec les récentes agressions de Barrister Tamfu Richard et Barris- ter Gawu Gilbert, victimes de brutalités policières. Des vidéos montrant ces actes ont inondé les ré- seaux sociaux, alimentant l’indignation de la profes- sion. Dans son communi- qué, le Barreau a dénoncé les « violences physiques, actes barbares et traitements humiliants » infligés aux Avocats.

Le Bâtonnier Mbah Eric Mbah a annoncé l’ouver- ture de poursuites judi- ciaires contre les agents responsables et a exigé des mesures immédiates pour garantir la sécurité des Avocats dans l’exer- cice de leur métier. Barris- ter Ewule a rappelé que le Cameroun, signataire de la Convention contre la Torture et les Traitements inhumains, ne peut conti- nuer à fermer les yeux sur ces abus. « Si même les défenseurs de la loi sont violentés, que dire du citoyen lambda ? » s’est interro- gée Barrister Eta-Besong. Alors que le pays se pré- pare à une élection prési- dentielle, ce bras de fer entre les avocats et les forces de l’ordre inquiète. Beaucoup redoutent un scénario similaire à celui de 2016, lorsque la grève des avocats anglophones avait marqué le début de la crise dans les régions du Nord-Ouest et du Sud- Ouest. « Nous ne voulons pas revivre la crise de 2016. Le gouvernement doit prendre cette grève au sérieux et œuvrer pour des solutions durables », a averti Barrister Ewule au micro de nos confrères de Mimimefo info..

À l’heure où la confiance des citoyens envers la justice est fragilisée, l’inaction des autorités face à ces violences pour- rait aggraver un climat déjà tendu. Le silence du gouvernement sur cette grève et les accusations portées contre les forces de sécurité ne fait qu’ali- menter les inquiétudes.

Ange Pouamoun

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