samedi 24 mai 2025

Depuis le 20 janvier 2025, la Mairie de Yaoundé interdit formellement l’occupation des trottoirs et emprises pu- bliques par les commerçants informels. Une décision qui suscite une vive résistance parmi ces derniers.

A Yaoundé, le combat sem- ble engagé entre la Mairie et les vendeurs à la sau-vette. Le Maire de la ville, Luc Messi Atangana, a annoncé une interdiction stricte de l’occupation des trottoirs et chaussées par les commerçants informels, une me- sure effective depuis le 20 janvier 2025. Toutefois, sur le terrain, rien ne semble avoir changé, et la ré- sistance des commerçants reste vive. Dans des zones comme le marché central, à quelques pas du centre administratif, les trottoirs et chaussées restent envahis par des brouettes, étals et marchan- dises diverses.

À 11 heures ce jeudi 23 janvier 2025, la situation était toujours la même. Daniel Kenfack, vendeur de tampons depuis 1982, ne cache pas son incompréhension face à cette décision. « Je suis ici depuis plus de 40 ans. On n’avait jamais eu de problèmes avant.

Tout a commencé avec les poli- tiques des anciens maires, et au- jourd’hui, c’est encore pire. Mais nous allons quitter pour aller où ? Les boutiques sont hors de prix et la vie est de plus en plus dure », déplore-t-il.

Non loin de lui, Jacqueline Lontsi, vendeuse de nourriture depuis 20 ans, partage la même colère. « Je dois nourrir mes enfants diplômés qui ne trouvent pas de travail. On veut nous déloger, mais sans al ternative viable. C’est de la mé- chanceté pure ! », s’indigne-t-elle. La situation est similaire dans d’autres zones comme Mokolo, où trottoirs et chaussées restent bon- dés d’étals. Pour Hamed Njoya, vendeur de chaussures, cette dé- cision est injuste. « Où allons- nous aller avec des boutiques si chères ? On peine déjà à vendre ici, et maintenant, on nous de- mande de partir. Que voulons- nous dans ce pays ? », s’interroge-t-il. Sylviane Kegne, prothésiste ongulaire, exprime

également son désarroi. « Grâce à cette activité, je nourris mes en- fants. Si je pars, je n’ai plus rien. Nous ne demandons pas à deve- nir riches, nous voulons juste sur- vivre. »

Une décision pour désengorger les espaces publics

Dans un communiqué daté du 10 janvier 2025, le Maire Luc Messi Atangana justifie cette interdiction par la nécessité de mettre fin au désordre urbain et de libérer les voies publiques pour améliorer la circulation. « Cette mesure vise à

lutter contre l’occupation anar- chique et illégale des trottoirs et chaussées, qui entrave la mobilité des piétons et des automobilistes. L’objectif est de déplacer les com- merçants vers des espaces dédiés

», explique Dominique Mbassi, responsable de la communication à la Mairie de la ville de Yaoundé.

Pour répondre à ces préoccupa- tions, la Mairie affirme avoir amé- nagé des infrastructures adaptées. Une extension du marché Mokolo a été réalisée au lieu-dit Mokolo Elobi, pouvant accueillir plus de 1 500 petits commerçants, tandis qu’un nouveau complexe commer- cial a été inauguré au marché Etoudi en décembre 2024. Ce- pendant, la résistance des com- merçants montre que la transition sera loin d’être simple.

Pour l’heure, malgré les menaces de sanctions prévues par la loi, les vendeurs à la sauvette continuent de défier les consignes de la Mai- rie. Reste à savoir si Luc Messi Atangana parviendra à imposer cette mesure là où ses prédéces- seurs ont échoué.

Ange Pouamoun

Exit mobile version